18 juin 2010

Cloture des états généraux de l'enfance : compte rendu


Un « flop » évident, prévisible,
et des propositions indigentes


Triste après-midi ce mercredi 16 juin à la Sorbonne :
  • Un déploiement surréaliste de police pour tenir à l’écart de l’entrée de la Sorbonne les états générEux pour l’enfance – ce qui ne nous a pas empêchés d’assister à cette séance, de faire entendre – avec civilité  - notre présence et de diffuser le cahier de doléances à une partie des participants à cette séance de clôture ainsi que de le remettre en mains propres au ministre !
  • Un public clairsemé et abattu – les participants aux ateliers qui étaient dans la salle n'ont même pas pris la parole pour dire leur déception, pourtant exprimée en voix off. Le malaise était évident.
  • Une séance en grande pompe boycottée par plusieurs Conseils généraux d’Ile de France – pourtant chefs de file de la protection de l’enfance.
  • Un applaudimètre qui, malgré la claque officielle de la ministre, a donné un large avantage à Dominique VERSINI, Défenseur des enfants (modeste consolation lorsqu’on sait son poste si menacé) et aux quelques interventions positives pour les enfants (dont celle des états générEux).
  • Une bonne place au pathos, au drame d'enfants jouant à la mort, aux prénoms scandés de ceux, maltraités à mort, qui ont fait la une des médias en leur temps. Et si l’on ne pouvait qu’être émus devant le témoignage, en fin de restitution des ateliers, des parents d’un enfant décédé quinze jours auparavant d’un de ces jeux violents, il faut regretter que l’émotion une fois de plus ait servi de (mauvaise) conseillère et de mise en scène à la politique.

Un constat d’indigence des mesures proposées
  • L’indigence de cette séance de clôture était à la mesure du cadre contraint annoncé en ouverture : les thèmes des ateliers  et le cadre de travail fixé pour chacun d’eux étaient étroits et contraints ; chaque commission a répondu à la commande, chacun dans un champ selon un découpage problématique. Aucun lien entre eux, aucune unité de pensée ni de politique globale de l'enfance si ce n’est celle d’une stigmatisation et d’une volonté de contrôle des familles. Tout au plus un travail de description de ce que nous connaissons tous, depuis longtemps sans réelle critique de la destruction à l'œuvre dans chaque champ parcellisé et donc fragilisé.
  • Ainsi, pas un mot sur la notion de lien social, de service public, sur le manque crucial de moyens dans certains domaines, et si peu sur la formation et la possibilité d'entendre les enfants et d'apprendre d'eux en leur faisant confiance !
  • Seule la restitution de l’atelier sur la prise en compte des situations de précarité témoignait d’une approche plus positive de l’enfant sujet de droits.
  • Quant aux propositions annoncées dans le discours de clôture, elles incarnent jusqu’à la caricature une politique sécuritaire et répressive où l’enfant reste présenté comme un danger pour la société et la famille comme une instance à surveiller et contraindre : plus de souci à se faire pour les enfants « fragilisés » (au fait quelle définition ?) puisqu'il va suffire de surveiller la dentition des enfants pauvres (qu'on peut reconnaître puisque « ça se voit »), de remplir des fiches de parcours d'enfants placés, de faire signer aux deux parents leur livret de bonne parentalité, de pister ceux qui déménagent, de repositionner correctement les travailleurs sociaux, de multiplier les protocoles et les conventions pour raccorder les institutions cloisonnées, de reconditionner les allocations familiales, d'instaurer une unique « plate-forme » d'orientation des appels des familles et d'infiltrer de la prévention sur les marchés du net pour qu'un nouvel ordre bien-traitant devienne la base de notre culture commune qui sera, de surcroît, ornée d'innovations !

Des états généraux de l’enfance rebaptisés « de l’enfance fragilisée »
Une seule évolution remarquable entre l’ouverture et la clôture de ces états généraux : les états généraux de l’enfance sont devenus « de l’enfance fragilisée », comme si la ministre avait voulu prévenir les critiques sur l’oubli de domaines pourtant si importants de la vie des enfants.

Plus probablement, c’est qu’elle n’a toujours pas compris qu’une politique globale de l’enfance dépasse largement le cadre de la seule protection de l’enfance maltraitée ou pauvre.

Et si elle a semblé se souvenir que ces états généraux avaient été décidés à l’occasion des 20 ans de la Convention internationale sur les droits de l’enfant, on lui aurait volontiers rappelé les observations du Comité des Nations Unies de juin 2009 que le gouvernement ignore superbement, en particulier en confirmant sa volonté de suppression d’un défenseur autonome des enfants.


Et pendant ce temps l’État continue à organiser la fragilisation des enfants et de leurs familles :
Ce même après-midi, l’assemblée nationale discutait la proposition de loi Ciotti systématisant la suspension des allocations familiales des familles dont un enfant est absentéiste – mesure inique et inefficace comme chacun sait…

Lien : Le bilan des états généraux sur le site du ministère

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